Notes : Kaisen n°64
Notes Quelles énergies pour demain ? Kaisen n°64 – 22 Août 2022
La meilleure énergie reste celle que nous en consommons pas, donc déjà réduction de l’énergie, de la consommation … mais c’est déjà le cas de beaucoup de gens qui vivent dans la précarité, ce n’est pas la peine de les culpabiliser
Problème du salaire de certains dirigeants loin d’un modèle de sobriété et Continuité d’expansions pour certains
Le changement de ton de certains gouvernants est la conséquence de la guerre en Ukraine avec pour autant la continuité de différents projets d’extraction du gaz de schiste par exemple.
Il serait plus cohérent d’avoir un discours pour sortir du dogme de la croissance ou de proposer des comportements tels que : interdire les publicitaires qui incitent à consommer. Or consommer mieux et moins serait une solution + mise en place de politiques structurelles de sobriété autour des enjeux d’aménagement du territoire, de restructuration de la mobilité, de transformation des modèles d’affaires industrielles
Différencier la sobriété individuelle :diminuer sa consommation personnelle, cela demande une sensibilisation et une incitation même si ce n’est pas toujours facile selon la situation financière et sociale des individus et la sobriété structurelle : renforcement de l’offre de transport en commun, réaménagement du territoire (pour réduction pas exemple des distances maison-travail), travail sur les fonctionnalités des bâtiments …, cibler les consommations les moins justifiables. Cette sobriété dépend de politiques publiques dans la durée … Important = s’assurer que les efforts sont portés par tous les acteurs (individus, entreprises, collectivités), qu’il y a une justice sociale (protéger les citoyens les plus fragiles). Mais où met-on le curseur ? Besoin de débats entre de nombreux protagonistes.
Liberté peut aller avec sobriété si l’on laisse à chacun le choix de ses comportements selon les conditions et contextes. Ne rien faire pourrait être de plus en plus liberticide.
A Negawatt discussions se réfèrent à un modèle économique inscrit entre deux limites : 1) plafond écologique par rapport à limites planétaires, 2) plancher social par rapport aux conditions sociales décentes auxquelles chacun doit pouvoir accéder pour aboutir à une certaine cohérence associant trois points importants : sobriété, efficacité, renouvelables)
Remplacer des véhicules thermiques par l’électrique ne va régler le problème d’autant plus qu’il faudrait d’autres changements afin de ne pas maintenir les problèmes d’inégalités dans l’accès à la mobilité. Déjà repenser notre rapport à l’autre et diminuer notre dépendance par rapport à l’aménagement du territoire, de l’étalement urbain, du budget des ménages, de la pollution atmosphérique
Energies renouvelables suffisantes en 2050 si et seulement si diminution de 50% des consommations (20% grâce à la sobriété et 30 % grâce à des gains d’efficacité). Important d’en discuter à partir des territoires, càd à partir de leurs ressources, et ne pas centraliser les décisions. Important ++ de faire monter en compétences les territoires sur les questions énergétiques. … Les énergies renouvelables sont garantes de la paix au XXI ème S, luttent contre le dérèglement climatique et garantissent la stabilité géopolitique (Antonio Guterres). Energies renouvelables, même avec leurs inconvénients, sont moins nocives que les énergies fossiles et le nucléaire (nucléaire onéreux, lent, consommant des ressources qui pourraient servir à l’élaboration de solutions plus performantes à long terme, et problème si permet la poursuite d’une société d’abondance).
Question : quel contrat social la société française veut-elle passer autour de l’accès à l’énergie
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Gilles Farget (cf Kaiser n°64)
Si une mauvaise peut être une « passoire énergétique » c’est aussi le cas de nombre d’êtres humains dont l’énergie fuit à tort et à travers du matin au soir. Il faut apprendre à la préserver, la recharger, la concentrer notamment en gérant consciemment nos pensées. Il faut faire attention **à nos commentaires quels qu’ils soient, à l’évocation de notre humeur afin d’éviter les fuites propres à nous vider ; ** à ce que nous ingérons en termes d’alimentation ; ** à ne pas nous abrutir, à nous épuiser avec les actualités, les séries, … : à ne pas procrastiner de façon chronique. La persévération de l’énergie a à voir avec la sobriété, elle est affaire de conscience qui, elle, nous recharge
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L’Adaptation radicale
Jem Bendell. Deep Adaptation L’Adaptation radicale : un guide pour naviguer dans la tragédie climatique, 2018 = : programme, cadre et communauté pour les personnes qui anticipent un effondrement de la société au cours de leur vie et qui veulent rester engagées et utiles plutôt que de retourner à l’évitement et au déni. De nombreuses initiatives bénévoles en cours pour aider les gens à faire face à leurs émotions et à trouver de nouvelles façons de vivre avec gentillesse, créativité, sagesse et responsabilité, en cette période de turbulences croissantes.
L’Adaptation radicale francophone. Raison d’être = ** Reconnaître et accueillir les émotions de chacun.e, accompagner la prise de conscience et l’acceptation des processus d’effondrements ; ** Prendre soin des communautés humaines et des écosystèmes, avec inclusion, soutien et entraide ; ** Agir, expérimenter et apprendre ensemble pour soutenir l’adaptation, en tissant des liens avec les autres initiatives, pour construire un futur désirable et pérenne.
Les valeurs de l’Adaptation radicale
La compassion. Nous cherchons à revenir à la compassion universelle dans tout notre travail et nous nous rappelons les uns aux autres de remarquer en nous-mêmes quand la colère, la peur, la panique ou l’insécurité peuvent influencer nos pensées ou nos comportements. Il est également important de se rappeler de prendre soin de soi, surtout lorsque l’urgence de la situation peut facilement mener à l’épuisement professionnel.
La curiosité. Nous reconnaissons que nous n’avons pas beaucoup de réponses sur des questions techniques ou politiques spécifiques. Notre objectif est plutôt de fournir un espace et une invitation à participer à un dialogue constructif, fondé sur la bienveillance et la curiosité. Valoriser la curiosité nous invite aussi à remettre en question certaines des hypothèses enracinées ou » invisibles » qui sous-tendent notre vision du monde. Par exemple, l’anthropocentrisme implicite de la notion d’ » effondrement sociétal » est-il utile ? Comment pouvons-nous reconnaître et contrer le privilège qui sous-tend souvent cette discussion ?
Le respect Nous respectons la situation des autres et quelle que soit la façon dont ils réagissent à notre situation alarmante, qu’ils apprennent pour la première fois qu’un effondrement est imminent ou qu’ils le vivent déjà. Nous cherchons à construire et à entretenir des espaces soutenants et inclusifs pour une adaptation radicale.
Les 4 R pour comprendre
L’approche de l’adaptation radicale à notre situation invite à des conversations et des initiatives qui répondent à quatre questions. Elles ne sont pas impératives et devraient simplement servir d’outils de discussion. Que voulons-nous préserver
Résilience : Qu’est-ce que nous valorisons le plus que nous voulons garder et comment ?
Renoncement : Que pourrions-nous lâcher pour ne pas empirer les choses ? Quoi abandonner si nous ne voulons pas aller droit dans le mur ?
Restauration : Que pourrions-nous ramener pour nous aider à traverser cette période difficile ? que pouvons-nous retrouver pour nous aider à relever les défis à venir ?
Réconciliation : Avec quoi et avec qui allons-nous faire la paix en nous éveillant à notre mortalité mutuelle ?
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Notes tirées d’une émission sur France culture du 12 octobre 2022 sur le désir d’accumuler
Durant les Trente Glorieuses, l’un des indicateurs du niveau de bien-être des Français correspondait à la quantité moyenne de déchets qu’un ménage émettait ! avec pratiques accumulatrices de la société de consommation + consumérisme inconséquent. Ainsi acheter toujours plus d’objets, mais aussi les conserver pour certains.
Rôle moteur de l’offre et de la problématique des producteurs (et pas tant des besoins des individus), qui doivent écouler des quantités croissantes de biens sur les marchés…chacun aspire à participer à la société par sa consommation et donc à devenir acquéreur de biens auxquels il n’avait pas accès précédemment. Et cela dépasse la consommation de biens eux-mêmes et concerne aussi les services, tels que le voyage en avion…. Et nombreux objets accessibles grâce au crédit (encore aujourd’hui, crédit à la consommation, prime à la casse…).
Surproduction =) surconsommation, ceci dans un contexte de perte de sens. La consommation peut devenir un projet ! mais ça a un coût psychique parfois : toujours être en situation d’envie. Aujourd’hui encore la production dépasse largement nos besoins (enfin de certains) donc il faut absorber l’excédent et il y a beaucoup de gaspillage + coûts importants pour détruire les excédents. La mondialisation permet un peu d’écouler l’excédent mais pas assez, d’où stratégies de marketing (onéreuses), techniques puissantes qui attisent toujours l’envie, le désir d’acheter. Par la publicité, il y a une construction sociale en associant la consommation au bonheur, à la réussite personnelle« . Et l’objet devient aussi un signe social, d’appartenance, qui donnent une image de soi, … sans oublier les rapports affectifs avec les objets (certains disent ‘les consommateurs achètent de l’émotion parfois »). Avoir, acquérir peuvent être un plaisir, certes furtif donc à renouveler (cf le striatum). Ça peut casser un ennui. Cela a aussi un rapport avec la valeur du temps, temps devenu cher « il faut faire des économies de temps » donc acheter ce qui est censé y aider
Les pouvoirs publics ont un rôle au niveau de l’abondance incitée (crédits … et encouragements dans le discours « il faut revenir dans les magasins » après le confinement par exemple) avec peu de remise en cause de cette propension à la consommation
Parfois lassitude causée par un excès d’objets : une des explications au désir de sobriété qui apparaît aujourd’hui ? Thème de la sobriété en fait assez peu connecté à la question de l’accumulation. Pour l’instant, la sobriété est cadrée comme une pratique de modération dans un contexte où l’énergie n’est plus aussi abondante et devient plus coûteuse. C’est devenu un moyen de régler toute une série de problématiques collectives » mais ne concerne que des gens qui ont un certain niveau de vie (Sophie Dubuisson-Quellier).
Quelle société veut-on ?
Une question centrale déjà : la juste répartition des accès à un confort minimum car un pourcentage non négligeable n’accède pas aux besoins primaires (alors leur parler de sobriété !) ; ce serait aux pouvoirs publics de réguler
+ Comment transformer notre rapport à l’objet ? le rendre moins chargé d’émotions déjà. Qu’est-ce qui peut être aussi puissant que de se montrer avec tel ou tel objet ? certains répondent « les liens sociaux », vertueux, nutritifs…
Valérie Guillard, 2021, Comment consommer avec sobriété. Éditions De Boeck.
Sophie Dubuisson-Quellier : La consommation engagée aux Presses de Sciences Po (2009 réédité en 2018)
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Jancovici and co. The Shift Project : Climats, crises. Le plan de transformation de l’économie française (2022). Odile Jacob
« C’est comme si la question énergétique surplombait et expliquait tout le reste ?
Démocraties trop court-termistes pour pouvoir relever le défi climatique
Faudrait être capables de s’imposer des efforts extrêmement significatifs et donc on aurait besoin d’un pouvoir très fort pour les faire respecter. Cependant les pouvoirs autoritaires préparent-ils mieux la transition ?
Shift Project : collectif afin de traiter de la sobriété, de l’efficacité, du nucléaire, du renouvelable, seulement un guide spirituel et technique pour une politique en mal de sobriété